Au XVIIe ou XVIIIe siècle, la congrégation des Sœurs de Saint-Joseph s’installait à Champeix. Le jardin qu’elle y entretenait, sauvé de l’oubli il y a quelques années seulement, atteste, par sa taille et son organisation, une quasi-autarcie alimentaire.
La grande terrasse haute accueillait le verger fruitier de plein vent dont l’objectif était d’assurer un approvisionnement tout au long de l’année grâce à une grande maîtrise des variétés à maturité échelonnée. À Champeix étaient jadis cultivés des abricotiers destinés à la production de fruits secs. Mais la concurrence poussa les habitants à se tourner vers la pomme, la figue et même la fraise, alors produit de luxe emballé à l’unité. Seule la culture des pommiers a perduré jusqu’à nos jours, le dernier producteur ayant pris sa retraite récemment.
La terrasse basse, d’une architecture plus soignée, comprend un bassin central. Alimenté par un réservoir (à côté du portique d’entrée) captant les eaux de pluie, et d’une source aujourd’hui tarie, il servait essentiellement à l’arrosage des cultures potagères. L’eau qui y reposait pouvait ainsi s’élever à température ambiante avant d’être utilisée. Pour rendre cette structure étanche, du plomb a été coulé dans la série d’encoches que l’on distingue entre les pierres.
Lieu de production potagère, mais aussi de recueillement et de contemplation, cette terrasse devait comporter aussi des fleurs et les murs devaient permettre la production de fruits plus fragiles et précoces. En attestent les nombreux os de bœuf fichés dans ces murs, qui servaient à fixer les fils destinés à soutenir les cultures grimpantes.
En contrebas s’étagent les bâtiments agricoles, dont le pigeonnier. Les décors de sa façade, réalisés en 2014 par l’artiste-peintre Jean-Christophe De Clercq, reprennent à l’identique des motifs anciens qui démontraient le respect voué à ces oiseaux, appréciés à la fois pour leur viande, au goût savoureux, et pour leur fumure, engrais de premier ordre dans un lieu que ne se prête pas à l’élevage. Une fleur de Lys rappelle la dévotion portée par la congrégation au roi de France.
Sous ce jardin, on découvre la buanderie des Sœurs, d’une qualité rare puisqu’elle disposait de l’eau courante et même de l’eau chaude pour remplir les bacs à lavage (Lieu en réfection momentanément fermé au public).