Auvergne industrielle d'autrefois
Usine st Jacques à Montluçon
Voici la suite de la série du passé industriel dans notre Auvergne qui nous montre que la France à cette époque savait garder nos entreprises.
La métallurgie de Montluçon avait déjà subi, quand Vacher la décrivait, une évolution imposée par la concurrence récente de la sidérurgie lourde de Lorraine.
Déjà elle visait à la qualité plus qu'à la quantité. Cette tendance n'a fait que s'accentuer pour les trois établissements qu'elle comporte. C'est ainsi que l'usine des hauts fourneaux de la Société Commentry-F our chambault spécialisée dans la fabrication des tuyaux de fonte et des moulages poursuit depuis quelques années, avec la collaboration du service des recherches scientifiques de la société, qui dispose des laboratoires d'Imphy, l'étude et la fabrication des moulages en fonte spéciale pour pièces devant résister au feu, à l'action des produits chimiques, à l'usure. L'outillage très perfectionné rend possible la fabrication des tuyaux en fonte de tous les diamètres et de tous les systèmes, des moulages de toutes dimensions et de tous poids allant jusqu'à 60 000 kg., et des pièces en série les plus délicates façonnées mécaniquement. Parmi les produits de cette usine, nous citerons les colonnes en fonte, les pièces de pont brutes ou usinées, les tuyaux de conduite pour eau, gaz, les grues hydrauliques, les cylindres de locomotive. L'usine Saint-Jacques, de la Compagnie des Forges Châtillon-Commentry- Neuves-M disons, qui se voue aux produits de la forge et des aciers spéciaux, a vu réduire, par suite des accords de Washington .
1. Antoine Vacher, Montluçon : essai de géographie urbaine (Annales de Géographie,
XIII, p. 121-137).
Durant la Guerre l'activité de Montluçon, comme celle de toutes les villes métallurgiques, a redoublé. Non seulement l'usine Saint-Jacques, qui travaillait déjà pour la défense nationale et était outillée pour cette fabrication, a intensifié sa production. Mais toutes les usines, jusqu'aux plus petits ateliers, furent réquisitionnées pour les fabrications de guerre. En 1915, en raison de sa situation géographique, Montluçon était choisi comme centre d'un important atelier de chargement et de pyrotechnie. De vastes ateliers furent construits. En 1916, près de 15000 ouvriers y étaient employés, et l'on peut dire qu'en 1918 près de 28 000 ouvriers travaillèrent jour et nuit pour la défense nationale.
Mais cette fabrication cessa avec les hostilités.
En 1919, les ateliers de chargement furent fermés et le matériel vendu. A l'activité intense de ces quatre années de guerre succéda une période de calme.
Les usines métallurgiques avaient peine à reprendre leur activité d'avant-guerre.