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Dans mes souvenirs d'enfance en voici un qui me tient à cœur, Simon un personnage sympathique de notre village qui était à l'époque de mes 10 ans, livreur de charbon, scieur et livreur de bois de mine.
Nous sommes dans le bassin minier de Brassac les Mines des années 50 à 90.
Dans les villages aux alentours tout le monde se chauffait au charbon.
Chaque membre du personnel perçoit son indemnité de chauffage en nature.
Sur présentation d'un bon de chauffage que l'on donnait au transporteur, il venait nous livrer à la maison
Le chauffage du personnel, entre autres, constitue une partie des charges.
Simon on le connaissait car il venait chez nous pour nous livrer le charbon,la vase ou le bois avec son Renault gris anthracite .On allait le regarder scier le bois récupéré lors de changement des buttes de soutènement des galeries .
Gosses il nous faisait monter dans son camion même dans la benne on en ressortait tout noir mais heureux d'avoir fait un tour dans son véhicule.
mais que savait-on de lui?
Il est né en Pologne en 1919, dans une famille de petits cultivateurs très pauvres, à une époque où la vie et la société polonaise ne baignaient pas dans la facilité.
A 7 ans il commençait à apprendre le violon, sans connaissance préalable, de routine, comme son père l'avait fait.
A 12 ans il jouait dans des soirées et il commençait à apprendre le solfège.
En dehors de l’école et de la musique, il participait aux travaux des champs et gardait souvent les vaches, les pâturages n’étant pas clôturés.
Afin de fuir la misère Polonaise, trois de ses frères sont partis très jeunes pour la France, plus précisément en Alsace. Le plus jeune de ses frères voulut l’aider à tenter sa chance en France.
Le voila agriculteur en France
En 1939, désireux de changer de situation, il s'est porté volontaire pour l’armée. Étant toujours Polonais, il lui fallu rejoindre l’armée Polonaise stationnée en Bretagne. Plus tard,son régiment fut intégré à l’armée Française. Sa carrière militaire s’avéra cependant de courte durée comme beaucoup de militaires. Deux mois après son incorporation il était fait prisonnier et incarcéré dans un camp disciplinaire. Il allait y rester cinq ans. La vie y était rude il avait faim et froid.
Mais en 1944, une chance s’est présentée et a amélioré un peu le quotidien,comme il avait eu la chance de garder son violon il s'est vu intégrer dans un orchestre et pu donner des concerts, le cuisinier le seul allemand à venir les écouter les gratifiait le lendemain midi d’une assiette de soupe supplémentaire.
Ces intermèdes musicaux furent les seuls instants où la vie lui apparut supportable.
Quand les américains sont venus il a fait un temps l’interprète avec les Slaves puis magasinier aux cuisines, à leur départ il les a suivi jusqu'à Marseille et voulait s’engager mais chose pas possible dû à sa nationalité polonaise.
L'aventure militaire pour lui était terminée
Il avait l’adresse de son frère Joseph qui travaillait dans une mine de charbon à Charbonnier-Les-Mines dans le Puy-de-Dôme. Il s'est donc rendu chez lui. Il avait une «piaule»attribuée par la mine. Un voisin lui a prêté un lit en fer pour dépanner. Il était complètement démuni, sans biens ni argent, les périodes de sa vie passée n’ayant guère été payantes. Il avait ramené de prison un ulcère à l’estomac, il ne parlait pas français et n’avait pas de métier.
Il a connu des musiciens avec lesquels il se débrouillait à jouer dans des bals, ce sont devenus des amis .
Après avoir travaillé dans une entreprise vers Barrège il a économisé pour s'acheter une vieille camionnette que Chrazek le garagiste du village lui a transformée pour recevoir une tonne de marchandise.
Le chargement et déchargement se faisaient à la main pas de benne basculante.
Le voilà transporteur de Charbon
Son français s'étant nettement amélioré il put faire des démarches pour officialiser ses documents et acquérir la nationalité française "sa fierté" avec l'aide de Mr Mestre maire de l'époque.
Par la suite, il s'est procuré un camion d’occasion de trois tonnes de charge. En même temps, on lui a proposé un système à manivelle de benne basculante à adapter.
Mais il n'a jamais cessé la musique il jouait aux bals que les jeunes organisaient au café «chez Porte» à Charbonnier. Très souvent il jouait avec Fister.
En 1950 il faisait parti d'un orchestre avec Blondy et ont été invités à jouer en direct à radio Clermont, il s'est également retrouvé en compagnie de Pierre Bonte sur l'estrade du tour de France à Issoire avec le groupe folklorique de Charbonnier tant et si bien qu'il était devenu l'auvergnat type pendant quelques semaines avec son violon dans le générique de FR3 Auvergne à 19 heures.
La musique c'est bien mais il faut travailler pour vivre
Il fut retenu pour le ramassage des poubelles des cités minières,bien sûr il faisait les livraisons de charbons et autres marchandises.
En 1958 le fioul étant pas cher il prenait plus d'importance dans les foyers il s'est donc également équipé d'une citerne celle-ci était amovible.
Il s'est marié ,a acheté sa maison
Il s'est modernisé au fil des années et son fils Laurent est venu en renfort
Il a continué sa petite vie ainsi jusqu'en 1991 l'age de sa retraite à 72 ans.
Ce texte a été élaboré avec la complicité de Laurent Harfenist son fils et les mémoires" A la force du poignet" de Simon.
Un souvenir en entrainant un autre voici une photo d'un camion identique à celui que j'ai connu à Charbonnier c'est celui du Papé à Agnès et Ghislaine
Le dernier camion est exposé au Musé à Brassac les Mines
Quelques photos