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La centrale de Vézézoux

La centrale électrique de La Taupe est entrée en service en 1951. Alimentée grâce au charbon de la mine voisine, qui faisait tourner quatre générateurs, la centrale fournissait 15.000 kW sous une tension de 20.000 volts aux puits du Parc (Frugères-les-­Mines), des Graves (Auzat­-la-Combelle) et de Bayard (Brassac­-les- ­Mines).

À partir de 1969, H.B.A deviendra Houillère bassin du Centre et du Midi (Auvergne, Saint-Etienne, sud de la France).

Ce qu'on pensait tout haut à l'époque

« La fermeture du puits de la Taupe coïnciderait avec la mise en marche de la centrale thermique de Vézézoux qui a été précisément construite pour utiliser les charbons de ce puits : une route a été spécialement construite pour relier le puits à la centrale, avec un pont sur l’Allier, et l’on va alimenter la centrale avec du charbon amené de Champagnac, distant de 150 km. C’est tellement illogique que nous n’osons pas encore croire à une pareille hérésie. On ne le comprendrait que si le gisement de la Taupe était épuisé.

Crédit Photos anciennes Thierry Caule

La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
La centrale de Vézézoux
PUITS DE LA TAUPE et la centrale de Vézézoux

Un géomètre retraité : « La fermeture du puits de la Taupe coïnciderait avec la mise en marche de la centrale thermique de Vézézoux qui a été précisément construite pour utiliser les charbons de ce puits : une route a été spécialement construite pour relier le puits à la centrale, avec un pont sur l’Allier, et l’on va alimenter la centrale avec du charbon amené de Champagnac, distant de 150 km. C’est tellement illogique que nous n’osons pas encore croire à une pareille hérésie. On ne le comprendrait que si le gisement de la Taupe était épuisé. Ce n’est pas le cas. M. Abel, ancien directeur des Houillères, avait déclaré qu’il y avait encore du charbon pour une soixantaine d’années. Personnellement, je considère que ce puits, après quelques travaux de modernisation, peut être rentable. » Un vieux chef sondeur : retraité : « Il y a encore du charbon à la Taupe ! On avait fait un travers-banc et l’on a arrêté les sondages alors que l’on se trouvait à proximité d’une nouvelle couche. Pourquoi ? Après cette couche de charbon, il doit s’en trouver une autre. Nous l’avons déjà constaté au niveau 3.10. On ne m’enlèvera pas de l’idée qu’il fallait arrêter notre bassin pour en faire prospérer un autre ! » Un technicien de la centrale de Vézézoux : « D’après les analyses récentes, le charbon en provenance de Champagnac donne en moyenne 42 à 48 % de cendres, tandis que celui de la Taupe n’en donne que 28 à 32 %. Le mélange utilisé au cours des essais a permis une chauffe parfaite que l’on n’obtiendrait pas avec Champagnac  seul.

Il serait d’ailleurs possible d’obtenir un aussi bon rendement avec le charbon de la Taupe seul si le calibre du charbon correspondait aux grilles utilisées à la centrale. » « Notre avis ne change pas, le syndicat des mineurs C. F. T. C. du bassin de Brassac-Haute-Loire a pris nettement position : la fermeture du puits de la Taupe est un non-sens... Pourquoi fermer un puits encore exploitable ? Prix de revient des produits trop élevés nous rétorque-t-on... Soit, mais accordez-nous seulement 50 millions d’investissement pour permettre d’exploiter le panneau de 500.000 tonnes près du bure 510- 610, nous atteindrons alors 1.200 kilos de rendement fond, et surtout nous pourrons alimenter rationnellement la nouvelle centrale prête à fonctionner sur le siège même de la Taupe. L’économie exige que nous utilisions au maximum nos ressources françaises en charbon plutôt que de l’acheter très cher à l’étranger. Le reclassement du personnel devait être assuré, mais on semble vouloir revenir sur les promesses faites à notre organisation syndicale C. F. T. C... L’effectif des puits voisins Graves et Basse-Combelle, est saturé par les mutations, le puits Bayard n’est pas encore prêt ; la productivité est jugée nettement insuffisante, l’extraction pourtant atteint semble-t-il sa cadence maximum, car il faut tenir compte de la marche actuelle du criblage, lavage, du parc de bennes, de la capacité des trémies, des disciplines imposées par les tirs d’ébranlement et l’entretien des puits. « Présentement, la production perdue à la Taupe ne paraît pas pouvoir être récupérée même partiellement. Une certaine période d’adaptation est nécessaire, l’exploitation de Brassac ne peut pas bénéficier comme il se devrait de l’apport de cette main-d’œuvre d’ailleurs difficilement adaptable dans des chantiers totalement différents de ceux de l’exploitation de la Taupe. Il est de fait que l’âge moyen de l’effectif Combelle augmente considérablement, il serait actuellement de 37 ans, alors, qu’en période d’embauche normale, cet âge est une limite supérieure. Nous luttons syndicalement contre les licenciements et menons une action intensive pour obtenir un reclassement qui soit vraiment humain. » Notre ami Pomel, maire de Vergonghéon, conseiller général : « Nous affirmons que la mort de la Taupe est un crime contre notre bassin et contre la nation, que la décision des Charbonnages est basée sur les seuls rapports d’un ingénieur venu deux fois enquêter, mais connaissant très peu les gisements. « Que tout d’abord, ça n’est pas la Taupe qui était visée, mais bien le Grosménil. La preuve est flagrante, puisque la construction de la centrale est aux portes mêmes de la Taupe. « Oui, il y a déficit ; mais qui est responsable ? Depuis surtout que le stalinien Loubert est roi dans le bassin, les grèves se sont multipliées ; qu’il voulait même inonder les mines ; que tout le monde se courbait sous le despote ; qu’il n’y avait plus d’autorité, à commencer par le directeur jusqu’aux chefs de poste ; que les gaspillages étaient énormes ; que certains ouvriers mélangeaient sciemment le rocher au charbon et que personne ne leur en faisait le reproche ; que la Taupe meurt parce que toute autorité était disparue. « Si l’on nous avait accordé 30 à 40 millions pour nous permettre d’atteindre les couches que pas un vieux mineur ne conteste, nous prouverions aujourd’hui que la Taupe est viable, et bien viable. « A mon avis, les Charbonnages embarqués dans une décision criminelle, ont eu peur que nous prouvions que c’est eux qui se sont trompés. « Cette fermeture non seulement est ruineuse pour le bassin, mais renforce la propagande communiste, car comme dans tous les domaines, plus le malheur s’appesantit, plus cela leur permet une recrudescence d’exploitation des masses. » Conclusion Ainsi, de l’avis unanime, le gisement est loin d’être épuisé, des centaines de milliers de tonnes de charbon restent à' extraire (M. le directeur des Charbonnages de France, qui a reçu le comité de défense, a reconnu lui-même qu’il y aurait encore un million de tonnes à extraire, soit 20 années de travail) et la production paraît assurée de trouver sur place les débouchés suffisants. On comprend dans ces conditions l’émotion qui s’est emparée de la population de toute la région. Au mois de décembre 1951, les maires des localités intéressées avaient remis leur démission ; le préfet de la Haute-Loire les refusa, ce qui provoqua une grève administrative qui ne prit fit que lorsqu’un sursis fut accordé pour la fermeture du puis de la Taupe. Il est regrettable que l’on n’ait pas mis à profit les différents sursis pour effectuer les recherches qui auraient certainement permis la découverte de nouvelles couches de charbon — et par conséquent la poursuite de l’exploitation. Avant de prendre une décision définitive et par suite irrévocable, avant de laisser procéder au démantèlement des diverses installations tant au fond qu’en surface, les pouvoirs publics se doivent de surseoir à la fermeture de la Taupe prévue pour le 30 juin, et de faire procéder le plus rapidement possible à une contre- expertise impartiale conduite par une commission d’ingénieurs des Mines étrangers à l’administration des Charbonnages de France. Telle est la solution qui permettrait de sauvegarder une partie du patrimoine national et les droits des travailleurs du bassin de la Haute-Loire.

 

Le parti socialiste SFIO, réuni à Montrouge en congrès national, ému par la nouvelle des catastrophes de Frugères- les-Mines (Haute-Loire) et de La Grand-Combe (Gard), s’incline devant le sacrifice des travailleurs dont plusieurs ont donné leur vie pour assurer le sauvetage de leurs jeunes camarades, et adresse à leurs familles l'expression de sa profonde sympathie.

 

Les disparus d’aujourd’hui, salue la mémoire de toutes les victimes passées de la mine meurtrière. Il exprime à la courageuse corporation des travailleurs du sous - sol l’hommage de son admiration et sa fraternelle solidarité. VOIR EN DEUXIEME PAGE NOS INFORMATIONS sur FRUGERES-LES-MINES

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