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Les Mystères du Précipice des soupirs

Les MYSTÈRES du PRÉCIPICE des SOUPIRS

Voici une histoire qui c'est déroulée en 1710 sur les territoires des communes de St-Amandin, de Champs et de la Trémouille-Marchal,

 

 

Connaissez-vous la forêt d'Aloères ? Elle est une des plus belles du Cantal.

Située dans les territoires des communes de St-Amandin, de Champs et de la Trémouille-Marchal, elle est séparée, à l'est, du département de la Corrèze, par la Dordogne, et ne mesure pas moins de 3.000 hectares de surface. C'est une forêt noire avec de grandes taches blanches : des collines et des plateaux couverts de sapins et, ça et là, des carrières de beau granit grisou blanc. Au milieu,dans la direction septentrionale, vers la Trémouille-Marchal. existe un abîme immense qui a plusieurs centaines de mètres de profondeur ; il est connu sous le nom mystérieux de Précipice des Soupirs. Suivant la tradition, c'est un tombeau de secrets.

Notre compatriote Eugène Martrou, qui habite près de là. a bien voulu en arracher quelques-uns qu'il veut raconter lui-même a nos lecteurs. Nous lui passons la plume.

« Vers 1710, notre belle forêt d'Algères prit une mauvaise réputation. Une famille de bûcherons paraissait y vivre misérablement.

Elle était composée du père, Yvon, qu'on disait venu de Bretagne, de la mère. Charlotte, une grosse finaude. et de deux vigoureux garçons, Achille et Isaac. Ils travaillaient pour le compte d'un M. Rollin, riche marchand de bois de la Haute-Auvergne.

« En hiver, le temps est très rigoureux a Algères. Une veillée de décembre, la tempête soufflait avec sa violence coutumière. Nos quatre bûcherons, qui avaient déjà force méfaits sur la conscience, se chauffaient dans leur cabane. Ils ne se parlaient pas : les mauvaises gens sont peu loquaces. Tout à coup, Charlotte qui avait l'ouïe très fine, dit à Yvon : - « Ecoute ! J'entends un bruit qui n'est pas produit par le vent. C'est sans doute. la bande de loups qui rôdait par ici ce matin ». - « Non, ce doit être un cheval. J'entends le sol gelé qui craque sous ses sabots ». - Il y a donc un cavalier,peut-être un garde du Roy. Eteignons vivement la torche et « barrons » la porte ».

« Il était trop tard. Au même instant on frappait à l'huis.

« - Ouvrez, ouvrez, je vous prie, au nom  de la charité, au trésorier de sa Majesté.

Depuis 24 heures, je suis égaré dans ce maudit bois noir ».

« A ce mot de trésorier, Charlotte se hâta pour ouvrir. M. Dubla entra. Il était de haute stature et couvert d'un grand manteau gelé sur son corps. Il se plaça au coin de l'âtre et Se débarrassa de son énorme sacoche qu'il Posa sur un escabeau. Puis il réchauffa ses Pauvres membres raidis par le froid. Il demanda à manger et à boire pendant qu'Achille Conduisait son cheval sous le hangar voisin.

La bûcheronne, empressée et prévenante. lui Prépara des pommes de terre au lard et lui offrit en les attendant, une écuelle de lait chaud de sa chèvre Brisquette. A peine rassasia M. Dubla, qui était très fatigué, s'endormit sur le grabat qu'on lui dressa au fond de la hutte. Avant de se coucher, ses hôtes Examinèrent minutieusement sa sacoche dont s firent sonner le contenu.

Pour ces brigands, il y avait là une occasion superbe qu'ils n'eurent garde de laisser échapper.

Sans se concerter, ils se comprirent aussitôt comme  larrons en foire. Le bûcheron prit sa ache et, avec la même tranquillité qu'il mettait à entailler un sapin. il donna un coup formidable dans la gorge de l'infortuné Rageur dont le sang rejaillit sur la manche d Isaac qui tenait la lanterne sourde, pendant que son frère préparait un bâillon qui fut inutile, car M. Dubla expira sans un cri, On hissa le cadavre, encore tout chaud, Sur son cheval et on jeta l'un et l'autre dans Précipice des Soupirs.

Ils cachèrent ensuite le produit de leur crime dans la Grotte Noire, le repaire habituel de leurs pillages.

Au mois de mars suivant, alors que la neige commençait à disparaître, un colonel du Royal Cavalerie poussait une reconnaisse stratégique dans la forêt d'Algères. Il était  accompagné de sa chienne Néra, quand il rencontra la pseudo bûcheronne qui revenait de La Trémouille. Celle-ci, sous prétexte e le guider, l'engagea au fond d'un ravin sauvage ou elle le fit égorger par ses fils qui le jetèrent ensuite dans un gouffre du Rivin (l).

« Néra avait vainement lutté contre les assassins ; elle avait été blessée d'un coup de poignard  elle aussi. Lorsqu'elle eut étanché ta Plaie, elle courut à l'orée du bois où se trouve un détachement. Elle donna l'alarme» dirigea les recherches doubles qui aboutirent à la découverte du cadavre du colonel .et à l'arrestation des quatre brigands de la forêt d'Algères.

Ils furent jugés et exécutes à Claverie

 

(1) 1 un ruisseau seau qui se jette dans la Rue, à la Vergnerie, en face la maison forestière n° 2.

Provenance du texte
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