A partir de 1920, l’établissement reçoit les enfants de santé fragile et se transforme en « préventorium » ; ce qui nécessitera des locaux spécifiques ; solarium pour les cures d’air et de soleil, lazaret pour isoler temporairement les enfants qui arrivent et éviter toute contagion avec les enfants déjà hébergés.
Des aménagements annexes compléteront l’accueil et le fonctionnement :
des installations sportives (tennis, piscine), des écoles destinées aux filles et aux garçons, une ferme de 70 ha permettant une gestion en autarcie.
L’objectif de l’encadrement est de privilégier les activités de plein air, sportives et manuelles, d’encourager les activités scolaires, offrir un cadre de vie naturelle, un milieu ouvert, favorable à l’épanouissement physique et intellectuel de l’enfant qui, par ailleurs, supporte souvent un traitement médical lourd.
Le préventorium est le premier bâtiment à être équipé en électricité dans le village qui en bénéficiera à son tour. De plus l’arrivée de l’eau courante en fera un bourg d’avant-garde pour l’époque.
Le personnel (plus de 100 employés) travaillant dans cette collectivité qui accueillera jusqu’à 320 enfants, est recruté dans la population de la commune. D’autre part, les parents qui rendent visite à leurs enfants (venant de toutes les régions de France) et reçus par le médecin directeur sont hébergés dans les hôtels de la localité ; ce qui crée une réelle animation économique.
Dans ce bourg essentiellement rural jusque là composé d’agriculteurs et d’artisans (cordonnier, sabotier, forgeron, coiffeur) existe une entreprise de fers à bœufs qui sera reconvertie plus tard en fabrique de groupes électrogènes. Plusieurs commerces vont apparaître : boulangeries, mercerie, épicerie, boucherie, charcuterie, primeurs, cafés, taxis, marchands de vins, de souvenirs, marchands ambulants le dimanche.
Parallèlement se développent les services publics : École primaire, Poste, Mairie.
Plusieurs milliers d’enfants de toutes nationalités justifient la renommée internationale de cet établissement de soins qui fonctionnera jusqu’en 1974,
La pénicilline ayant remplacé les cures de soleil et autres soins dans le traitement des maladies infectieuses.
Les anciens locaux du « Prévent » abriteront un Centre d’action sanitaire qui reçoit une soixantaine d’enfants puis l’I T E P dont le site est actuellement fermé depuis Juillet 2009
Arlette BRUN
Extrait du site de
Mon beau père y a séjourné 3 ans de 7 à 10 ans de 1934 à 1937.
Beaucoup de tristesse dans son regard quand il parle de cette période mais lui n'était pas dans ce prèvent il était au château apparemment avec les filles d'ailleurs il a mème appris à tricoter.
Les jeudis et vacances étaient fait de cueillettes d'airelles, framboises,fraises,châtaigne et champignons au gré des saisons.
une histoire qui reflète les anecdotes de mon beau-père
HISTOIRE DU PETIT CHARLOT
SUITE
J’avais quitté une chambre privée au lazaret pour me retrouver dans un dortoir où s’alignaient de chaque coté de la salle une vingtaine de lits installés dans les combles du château. Nous étions une quarantaine de garçons dans cet établissement et je remarquais qu’il y en avait de tous ages. J’étais parmi les plus jeunes et bien sûr j’eus droit, pour mon premier soir, à un bizutage classique pour l’époque, je trouvais mon lit en porte feuille et ne comprenant pas ce qui m’arrivait. Je dormis la première nuit en chien de fusil au grand désespoir des petits camarades déçus de ma passivité.
L’organisation de notre vie au préventorium ressemblait à celle d’un camp militaire. Dirigé par un chef Scout, l’établissement était affilié à l’association des Éclaireurs de France.
Le moniteur, qui dormait dans une chambre au fond de notre dortoir nous réveillait le matin à 7 heures tapant et nous devions nous précipiter pour faire notre toilette dans une salle d’eau collective avec devant chacun de nous un lavabo émaillé avec son robinet d’eau très froide….
Puis on s’habillait en vitesse pour rejoindre le réfectoire où nous avalions un bol de café au lait et une tartine de pain campagnard au beurre ou avec un peu de confiture. Le silence était de rigueur sous la surveillance du moniteur et de la femme de service. Enfin au coup de sifflet on retournait au dortoir pour faire nos lits au carré et subir l’inspection. Si tout se passait bien on descendait dans la cour pour la levée des couleurs et à l’appel de chacune de nos sections, au crie de ralliement. .
--Éclaireurs de France ? On répondait ! --Toujours prêts! Avec la main droite en l’air et les trois doigts élevés, resserrés de l’index à l’annulaire pendant que le pouce s’appuyait sur le petit auriculaire, pour le maintenir replié, signe caractéristique du mouvement de ralliement de Baden Powell.
Puis le programme des activités nous était fait connaître à haute voix. En fait, c’était toujours la même chose ; le matin de 9 heures à 11heures 30, cours en classe avec dictée, grammaire et calcul ! L’après midi, la sieste et après le goûter, promenade dans le parc. Pas de jeux violents, ce qui ne me dérangeaient pas, bien au contraire.
Le jeudi, nous avions droit à un programme spécial : une grande promenade, dans la forêt environnante constituée de sapins verdoyants, avec jeux de piste. Lorsque le temps s’y prêtait, on organisait le soir un feu de camp avec des séances de chants du répertoire du scoutisme, dont malheureusement j‘ai oublié toutes les paroles..
Enfin le repas du soir, comportait un potage aux légumes, obligatoire, dont nous avions tous horreur et que j’adore aujourd’hui, plus un légume cuit à l’eau qui nous laissait sur notre faim. Seuls les desserts nous convenaient sans discussion. Des garçons plus âgés, dont les parents leur rendaient visite le Dimanche, disposaient d’un peu d’argent de poche et se procuraient dans les fermes avoisinantes du saucisson que l’on se partageait le soir, quand le repas avait été infect.
Enfin l’extinction des feux avait lieu à 9 heures du soir et il était dès lors interdit de parler. C’est donc en chuchotant que l’on continuait les conversations jusqu’à ce que le sommeil nous gagne.
Les semaines, les mois passèrent d’une manière monotone sans contact avec le monde extérieur. J’avais la nostalgie de Saint M’Hervé, et l’envie de revoir Maria. Nous échangions des lettres innocentes et Maria m’envoyait des photos d’elle pour me faire patienter. Mais j’étais bloqué dans ce château sans savoir quand j’en sortirais. Les visites médicales mensuelles, m’indiquaient que la situation s’améliorait et qu’il n’était plus question de m’envoyer en sanatorium. Bien au contraire, on me promettait qu’un jour prochain je pourrais rentrer à la maison.
Nous étions tous à l’affût lors de la distribution du courrier aussi les lettres de mes parents étaient les biens- venues. Mais le contenu était décevant et toujours redondant. Ma mère me conseillait de bien manger, de me reposer de ne pas me fatiguer mais jamais elle ne me donnait d’information sur la vie à la maison ou de ce qu’il advenait de mes sœurs.
On nous avait fourni des chemises kaki, avec l’écusson d’Auvergne cousu sur l’épaulette de la manche droite et cela nous donnait un air martial qui ne me déplaisait pas. Mais par contre les marches au pas en colonnes par deux, au cours des promenades dans les chemins de terre aux alentours du Château, n’étaient pas ma tasse de thé.
Lien pour savoir la suite de cette histoire qui ne s’arrête pas à Chavaniac
http://www.angelfire.com/mi4/books/zajde4.html
Un commentaire qui ma ému.
le texte est émouvant, surtout pour moi qui suis resté 9 mois au Prévent, au Chateau.
Tout ce qui est écrit est proche de ce que j'ai vécu. Cependant, même si au début
j'ai beaucoup pleuré à cause de l'éloignement, j'ai pris goût à cette vie quasi militaire.
Finalement, quand je suis rentré à la maison, cela m'a manqué pendant quelques temps...
Je suis retourné 5 à 6 fois à Chavagnac ou plus rien ne subsiste du Prévent.
j'ai eu le bonheur de rencontrer il y a quelques années lors d'un passage, la responsable
du magasin de souvenir qui n'était autre que la fille du gardien
(la petite maison sur la gauche en entrant) et qui se souvenait de nos défilés au pas
lorsque nous sortions le jeudi pour aller dans la campagne environnante.
J'y retourne à chaque fois avec un peu d'émotion et je m'aperçois que je n'ai rien oublié,
ni l'école, le cinéma, le lazaret, les rues du village, les hôtels ou pensions de famille ou
venaient mes parent tous les deux mois...